Covid : une équipe de recherche française dévoile un projet de vaccin nasal universel
La biotech LoValTech a été créée pour réaliser les essais cliniques après que son efficacité a été montrée chez l'animal. Le projet doit maintenant passer à l'échelle industrielle.
La recherche publique française va-t-elle finalement donner naissance à un vaccin contre le Covid ? Le projet de vaccin nasal présenté ce jeudi par l'équipe de recherche Biomap de l'unité mixte de recherche Infectiologie et Santé publique INRAE-Université de Tours arrive certes tard. Mais il pourrait malgré tout trouver toute son utilité compte tenu de ses caractéristiques originales. Il s'agit d'un vaccin à base de protéines, mais qui ne repose pas seulement sur la protéine Spike, sujette à de multiples mutations. Il inclut d'autres protéines beaucoup plus stables, ce qui lui confère des qualités de vaccin universel, c'est-à-dire peu sensible aux mutations.
Deuxième originalité de ce vaccin, il s'administre par voie nasale, sous forme de nanoparticules capables de s'accrocher à la muqueuse du nez en étant administrées sans aiguille, potentiellement par un spray. Ce conditionnement rend sa conservation et son utilisation faciles. Sous réserve de son innocuité, il pourrait ainsi être utilisé chez les enfants, mais aussi dans tous les pays où la couverture vaccinale est faible. D'autant qu'il peut se conserver dans un simple réfrigérateur.
Les signaux au vert
Jusque-là, tous les signaux sont au vert. Depuis le démarrage du projet en juin 2020, Biomap a bénéficié de l'aide de nombreuses autres équipes pour montrer, in vitro et sur des modèles animaux, que le candidat vaccin était bien immunogène. Il suscite une immunité non seulement mucosale, mais aussi systémique, et une immunité à la fois humorale (anticorps) et cellulaire (lymphocytes T et B).
La suite plus problématique
Si son caractère « universel » se confirme, il serait, à ce jour, le seul car la demi-douzaine d'autres projets de vaccin Covid par voie nasale n'intègrent que la protéine Spike, ce qui va les rendre sensibles aux mutations. « Si les résultats face au variant Delta restent concluants, il est trop tôt pour se prononcer sur Omicron, explique Isabelle Dimier-Poisson, directrice de Biomap et maintenant de LoValTech, les tests in vitro et sur les animaux sont encore en cours. »
Ce projet montre encore une fois qu'il existe en France une recherche publique d'excellente qualité. C'est la suite qui est généralement plus problématique. Il faut aller vite, trouver de l'argent et des partenaires industriels pour changer d'échelle, tout ce que l'on obtient si facilement aux Etats-Unis, mais difficilement en France.
Soutien financier
Pour réaliser les essais cliniques prévus en 2022, le projet vient d'être transféré à la biotech LoValTech créée à cette fin. Elle bénéficie du soutien financier de l'ANRS (900.000 euros) et du ministère de la Recherche (1,5 million). « Mais pour achever les études précliniques et produire les lots cliniques, la société a besoin de 5,5 millions », selon son nouveau dirigeant Patrick Barillot, venu du façonnier Recipharm, qui sera chargé de la fabrication.
Sachant que la réalisation des essais de phases I et II devrait se chiffrer à quelque 35 millions d'euros, la société estime pouvoir mener seule ces étapes avant de chercher un partenaire pharmaceutique pour la phase III qui devrait, elle, coûter dix fois plus. Si toutes les planètes sont alignées, LoValTech pourrait voir son produit commercialisé fin 2023 ou début 2024.